Harcèlement scolaire, pourquoi les enfants se taisent ?

Harcèlement scolaire, pourquoi les enfants se taisent ?

Outre le fléau du harcèlement scolaire en lui-même, les enfants qui en sont victimes, doivent affronter une autre épreuve tout aussi douloureuse…

Taire ce qu’ils endurent.

Trop souvent, les enfants harcelés à l’école taisent leur souffrance.

Selon cette enquête sur le harcèlement scolaire, seuls 14,5 % des enfants qui en sont victimes, osent en parler.

Les raisons de leur silence sont malheureusement trop nombreuses.

Identifions-les pour aider les enfants victimes de harcèlement scolaire à briser cette omerta.

Ce qu’éprouvent les enfants harcelés à l’école

Une myriade d’émotions négatives agite les enfants harcelés à l’école.

Ils sont assaillis de doutes.

Ignorent comment agir.

Redoutent les réactions de leurs harceleurs et des adultes.

Se heurtent à un mur…

Quelles sont ces raisons pour lesquelles les enfants victimes de harcèlement scolaire se taisent ?

La honte

L’enfant ressent une honte démesurée.

Honte de ce qu’il est, de l’image qu’il renvoie et qui provoque les moqueries.

Il culpabilise,

Est persuadé qu’il est responsable de ce qui lui arrive.

Comment parler à des adultes d’un événement pour lequel on se pense fautif ?

Peur de la réaction de ses parents

Quelle déception lorsque l’on se rend compte que les personnes en qui on a le plus confiance, ne nous croient pas !

C’est exactement ce que ressent l’enfant victime de harcèlement scolaire.

« Et si mes parents ne me croient pas ? »

« Ils vont me dire que j’exagère »

« Ils vont aller voir les parents de celui qui me fait du mal et ça va mal tourner »

Autant de réflexions qui empêchent l’enfant de s’exprimer et de raconter son calvaire.

La peur de ne pas être cru et soutenu, le mure dans le silence.

En effet, l’enfant préfère se taire plutôt que d’entendre des propos qui minimisent ce qu’il endure.

La réaction des parents sera alors une boussole, pour lui.

Être à l’écoute de l’enfant et comprendre ce qu’il dit ou ne dit pas, lui sera d’un grand secours

Et lui permettra de commencer à s’ouvrir.

L’enfant protecteur

Puis, il y a l’enfant qui a à cœur de protéger ses parents.

Il pense les faire souffrir s’il leur raconte sa situation.

Il souffre, il en conclut donc que ses parents souffriront.

La communication au quotidien au sein de la cellule familiale va déterminer la réaction de l’enfant.

Lui dire et lui répéter que :

  • Il peut parler en toute confiance
  • Ses parents sont là pour le protéger
  • Ils lui accorderont toute leur écoute et leur attention
  • Ils ne le jugeront pas

Aidera l’enfant à parler

Facilitera les échanges parents-enfants.

Peur d’aggraver la situation

L’enfant harcelé vit des choses horribles et, dans son esprit, il se raconte tout un tas d’histoires sur ce qu’il vit, son rapport à son agresseur, aux adultes, sur les conséquences d’une dénonciation.

De nombreuses pensées l’assaillent, mais il a peur de réagir.

C’est sa façon de se protéger.

S’il dénonce ce qu’il vit, il peut craindre des représailles de la part de l’enfant harceleur.

Et si les coups redoublaient ?

Et si les humiliations devenaient plus fortes ?

Pétrifié par une éventuelle vengeance de l’agresseur, l’enfant victime préfère se taire.

Si les deux familles concernées se mettent en contact et que la situation dégénère avec les parents du harceleur, la situation peut devenir insurmontable pour le petit.

Quand les adultes s’en mêlent

Les représailles surviennent souvent quand les adultes viennent s’immiscer dans le conflit et décident de sanctionner le harceleur.

La punition ne l’amène pas à réfléchir sur ces actes.

Bien au contraire !

Elle nourrit son envie de vengeance et le risque que la situation empire pour l’enfant harcelé, augmente.

Témoignage d’un parent :

« J’avais demandé à mon fils d’aller trouver directement la direction et les éducateurs, la prochaine fois qu’il était insulté.

Car ceux-ci n’agissent pas sur le fait, au moment où l’agression se produit.

Puis, le harceleur a fini par être viré de l’école, suite à d’autres soucis de comportement.

En sortant du bureau de la direction, il s’est directement dirigé vers mon fils pour le rouer de coups. »

Quand les personnes extérieures se taisent

Et puis, il existe le cas où les autres savent

Mais se taisent

Dans la cour d’école, d’autres enfants sont souvent témoins des brimades et violences de l’agresseur sur sa victime.

Or, l’enfant harceleur exerce parfois un tel pouvoir en montrant ce dont il est capable, qu’il fait trembler les autres enfants, soulagés de ne pas être sa proie.

La terreur qu’il exerce par procuration sur les autres, lui confère une toute-puissance contre laquelle personne ne s’oppose.

Parfois, des adultes au courant d’une situation de harcèlement se taisent également.

C’est ce qui peut parfois arriver à l’école.

Un silence assourdissant

Que se passe-t-il au sein de l’école ?

Les lignes qui vont suivre ne sont pas une généralité sur les établissements scolaires.

Mais, il est important d’être conscient des pratiques de certains d’entre eux…

Beaucoup de directions d’école se sentent dépourvues pour soutenir et aider les élèves victimes de harcèlement.

Certains enseignants ferment les yeux :

  • Impuissance
  • Manque de formation
  • Déni
  • Renvoi à leur propre situation d’enfant harcelé ou de harceleur
  • Manque de soutien de la direction

Ils ne réagissent pas et laissent la situation perdurer et s’aggraver.

Quelques instituteurs tentent de sensibiliser mais c’est rarement suffisant pour stopper le harcèlement.

Parfois, plutôt que de reconnaître son incompétence à régler le problème, la direction de l’établissement scolaire préfère le nier.

Témoignage d’une maman

J’ai reçu le témoignage d’une maman totalement désœuvrée

Voici un extrait :

« Le directeur de l’école et les profs n’ont pas été à l’écoute de mon fils.

Il a écrit une lettre quand il avait 8 ans.

Il y expliquait vouloir « s’égorger la gorge ».

J’ai montré cette lettre à sa prof de l’époque (2ème primaire).

 

Le directeur m’a alors dit que mon fils devait être suivi par une psychologue.

C’est ce que nous avons fait ; nous avons consulté une psychologue qui l’a suivi.

Mais rien n’a changé du côté de l’école.

C’est même de pire en pire.

Des camarades de sa classe le menacent de le tabasser et de le tuer…

Pour le directeur, ce sont des paroles d’enfants. »

Ce témoignage est édifiant.

Il reflète l’inaction de certains directeurs qui vont même jusqu’à affirmer qu’il n’y a pas de harcèlement dans leur établissement.

Nous sommes confrontés, soit à :

  • Une grande méconnaissance du harcèlement scolaire
  • Un vrai déni du problème

Doit-on alors parler d’un profond dysfonctionnement de l’encadrement pédagogique face au harcèlement scolaire ?

Je tiens une nouvelle fois à nuancer ces propos, j’ose espérer que certains établissements scolaires savent gérer ce type de crise et intervenir de façon efficace auprès des personnes concernées.

 

About Laurie

Hello, moi c'est Laurie. Je forme les professionnels et j'accompagne les enfants/ados à sortir des situations de harcèlement.

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